jeudi 27 décembre 2012

D'Etang à Nevers

... un petit voyage dans un train ...

Il y a ce sourire qu'apporte un petit message reçu dans un lieu public. En face de moi, tu ménages mon silence qu'impose ma position : jambes et bras croisés. Tu souris. Les yeux posés sur ton écran, sur l'extérieur de la rame. Tu poses ta joie sur moi de tes yeux bleus. Ton regard est doux et amical. Partageur et vivant.
Et comme une mélodie, ta joie de vivre si soudaine étire mon sourire. C'est mystérieux, inexplicable, instinctif.
Ce désir de partager ce qui nous anime. Nous sommes désormais 2 à sourire aux vaches du décor.
Le tien est bien sûr entier. Le mien bercé par les mélodies un peu spleen qui s'écoulent de mes écouteurs. J'imagine que tu aimes et que tu te projettes dans un futur réjouissant. Tu es Avenir. Le mien m'entraîne dans mes plus beaux souvenirs amoureux. Je suis Passé. Est ce qu'un Homme a un jour souri comme toi pour un de mes messages ?
La pluie berce mes mots et nous sourions tous deux pour une averse parsemée d'éclaircies.
Espacés de 40 centimètres et d’années de vie, on se rapproche devant une ondée. Pas plus.
Ces 40 centimètres sont infimes et je te trouve beau. Pas amoureuse. Non. Ton visage est beau pour ce qu'il dégage. Ce qu'il donne sans pudeur.
La pluie s'est arrêtée et ton regard couvre l'écran. Le mien mon cahier.
Et quand je me penche pour un détail du paysage, tu suis ce détail des yeux. Tu aimes ce que j'aime. Voila ce que m'a appris une pluie.

J'ai aimé des Hommes dont j'ignorais ce qui les ferait sourire et en vingt minutes, je constate que tu as le pouvoir de t'émerveiller devant les mêmes choses que moi !
Je regarde de ton côté de la vitre, essayant d'anticiper, de mettre à l'épreuve cette similitude que je ne fais probablement qu'imaginer. Connaissant ce lien, difficile de se trouver une contenance. Je sais ou je crois savoir, peu importe. Mes gestes ont changé. Mes ressentis diffèrent.
Quand je sursaute pour un train qui nous croise, ton regard est en moi. Idem pour le mien. On le peut. Plonger son regard dans celui de l'autre. On peut se le permettre. C'est ce détail qui permet de se faire une place dans l'instant de l'autre. T'ai-je remarqué à la gare ? En montant dans la rame ? Non bien sûr, tu es apparu dans ton sourire.
J'ai 25 ans et toi peut-être 5 de moins. Mais je crois que ce sont ces sourires qui me font aimer les Hommes comme toi.

Car quand on est adulte, on semble simplement avoir trop de soucis pour offrir sa joie ainsi à son voisin. Tu fais partie de ceux qui se lèvent dans le train pour coller leur nez à la vitre. Pour remplir leur horizon de paysages...
Mon énergie s'épand dans mes membres tout en étant calme en apparence.
Comment tu m'écrirais toi, face à moi ? Je devine que ton énergie déborde toi aussi car ton pied tape de plus en plus souvent d'impatience.
L'appel dans le micro avorte certaines pensées. Tu te lèves et prends ton sac contre toi. Les lignes du train changent de direction. On a tenu malgré les aiguillages. Merci, je donnerais ton sourire au prochain...

Sans voix, des gestes infimes,
Nos Voies s'arrêtent à Nevers

Quand le train repart, en face de moi, il y a une valise. Zut !

Quelques heures après, le train accuse du retard pour cause d'accident de personne sur la voie. L'avenir tient parfois à un sourire ...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire